J’ouvre par cet article un nouveau projet : des interviews avec des français, mariés avec des femmes russes (et vice versa).
Les difficultés – les points d’affinités et les conflits entre les deux cultures dans la vie de couple ; les différentes approches de l’éducation des enfants…
Voilà le témoignage de Sylvain habitant à Lyon et marié depuis 5 ans avec Marina, une jeune fille Russe de la ville de Ivanovo.
Sylvain est un français plutôt atypique; il parle couramment le russe qu’il a appris dans le cadre de son travail mais aussi pour sa motivation personnelle, ce qui, paraît-il, l’aide beaucoup. Sylvain et Marina ont un fils de 4 ans, Nikita.
– Sylvain, se marier avec une russe – c’est un sujet qui intéresse plusieurs français, parait-il. Racontes, comment vous vous êtes rencontrés ?
– Lors d’un voyage en Italie. Pour moi c’était un séminaire professionnel, Marina voyageait pour le plaisir avec 3 amies. Alors qu’avec mes collègues nous dînions sur la place Naviona à Rome, mon ancien chef avait remarqué une amie de Marina. Lorsqu’il s’est rendu compte qu’elle était Russe il m’a envoyé en mission de reconnaissance.
Comme je me débrouillais dans la langue de Pouchkine, j’étais désigné d’office. J’ai abordé Marina et son amie et nous avons commencé à discuter. Quelques minutes plus tard, mon chef qui venait de dévaliser un marchand de roses ambulant arrivait avec un énorme bouquet. Sachant qu’il ne comprenait pas ce que je racontais, j’en ai profité pour offrir le bouquet à Marina et à ses amies. Nous avons échangé nos emails et en sommes restés là pour l’épisode italien. Ce qui est drôle, c’est mon chef qui disait qu’un jour il allait… se marier avec une russe. C’était pas moi qui disais ça!
Un an après, je me rendais à Moscou pour les vacances. J’ai contacté Marina pour qu’elle me fasse visiter la région d’Ivanovo … Le charme de Plios, Syzdal et surtout de Marina ont fait le reste. 2 mois après elle venait à Paris. En hiver je découvrais les joies du Bania avec mon beau père. 4 mois plus tard …Nous étions mariés !!!
Coté administratif, est-ce que vous avez eu des difficultés ?
– Pour le coté administratif, ça a été un vrai cauchemar. Nous nous sommes mariés administrativement parlant alors qu’elle avait un visa touristique. Le consulat de France en Russie l’a mal pris. Du coup, ils ont fait traîner son dossier avant de lui refuser le visa à cause de son niveau de Français. Le plus ridicule dans tout ça c’est qu’ils lui ont payés 20 heures de cours de Français à Moscou. La seule condition pour obtenir son visa était de les suivre. Il n’y avait aucune obligation de résultat. Nous avions prévu la célébration du mariage le 22 juin … Elle a obtenu son visa le 19 … Nous avions annulé les festivités une semaine auparavant !!!
Sa famille avait déjà obtenu les visas et acheté les billets d’avion. Bref ça a été extrêmement compliqué … Mais ça s’est bien fini. Après le plus dur a été d’attendre à partir de 2h du matin à la préfecture de Lyon pour obtenir chaque année son titre de séjour … A l’époque il n’était pas possible de prendre rendez-vous … Une fois nous n’avons même pas pu obtenir un ticket. Naïvement, j’avais commencé de faire la queue à partir de 4h du matin !!! Pour résumer un très mauvais souvenir…
– Quelles langues parlez-vous à la maison ?
– Nous parlons Russe à la maison. Je ne parle Français qu’avec mon fils. Le pire c’est que je n’arrive pas à parler plus de 2 minutes avec Marina en Français. Je bascule systématiquement en Russe, ce n’est pas naturel pour moi de lui parler en Français. Ça m’a aidé à progresser … Par contre ça ne l’aide pas du tout. Notre fils Nikita parle du coup les deux langues. Après, n’étant pas natif il me manque souvent des mots, c’était encore plus vrais au départ et nous avons du coup développé une sorte de langage hybride.
Sylvain, as-tu appris à faire la cuisine russe entre temps?
– J’adorais, j’adore et j’adorerai la cuisine russe ! J’ai appris à faire pas mal de trucs. Marina a converti toute ma famille aux Chachliks (barbecue à la russe). Quand on repense à toutes ses années à manger des brochettes de dinde trop cuite … Le plof aussi ! (C’est un plat de l’orient de la Russie à la base du riz et de viande).
Désormais en Auvergne c’est barbecue par tout temps toute l’année. Même en hiver ! A la maison, c’est Marina qui cuisine le plus, sauf pour les desserts, c’est ma chasse gardée. C’est assez drôle, au début lorsqu’elle parlait de la cuisine en France, elle racontait à sa famille que nous mangions les desserts comme des enfants.
– L’adaptation, a-t-elle été difficile pour Marina ? Se marier avec une russe – ça veut dire faire confronter, entre autre, les deux cultures assez différentes.
– Dans l’ensemble ça s’est bien passé. Elle a été très surprise par l’importance des relations sociales en France. Elle avait du mal à comprendre que l’on rencontre beaucoup de monde, que je discute avec d’autres personnes, des hommes, des femmes … Son modèle familiale Russe autocentré a été quelque peu éprouvé au contact d’un modèle Latin plus ouvert …ou tout du moins faussement ouvert. C’était très difficile pour elle.
Les Latins ont l’habitude de la représentation, les Russes moins. Mais quand ils s’ouvrent c’est entièrement. Elle était un peu perdue au départ mais ça va mieux. Elle prenait aussi assez mal le fait que finalement peu de monde en France connaissait l’histoire de l’Europe de l’Est. Mais tout le monde avait un avis dessus … Elle avait appris l’histoire de l’Europe et de la France et finalement la connaissait parfois mieux que beaucoup de Français.
Ce décalage était pour elle un choc. Elle avait une image des français très cultivés, un peu philosophes sur les bords. Au début elle essayait d’expliquer … Maintenant elle en a fait son deuil et elle évite le sujet.
– Et en ce qui concerne l’adaptation coté professionnel ?
– D’un point de vue professionnel elle ne travaille pas encore. Elle s’occupe de notre fils à plein temps. C’est déjà un sacré boulot et au fond, le plus important.
– Avez-vous les points de vue différentes sur l’éducation des enfants ?..
– Je n’ai pas l’impression qu’il y a de grandes différences dans notre approche de l’éducation. On partage les mêmes valeurs. On consacre beaucoup de temps à l’éveil de Nikita et a son instruction. Chacun avec ses sensibilités et ses appétences. On est très complémentaires là-dessus. A la rigueur on pourrait dire que je laisse un peu plus de liberté d’action à notre fils ! Mais pas de grandes différences.
C’était l’histoire de Sylvain et Marina, un couple franco-russe. Si vous êtes marié/ée avec une russe, – ou un russe, et vous souhaitez partager votre expérience sur les pages de ce blog – contactez moi !