On me demande souvent, est-il difficile d’apprendre le russe ? Qu’est-ce qu’il y de plus difficile dans cette langue – la grammaire, le vocabulaire, l’écriture ?
Et comment faire pour rendre son apprentissage plus rapide et plus efficace. Essayons de voir.
L’alphabet cyrillique n’est pas trop difficile à apprendre. Il ne contient que 33 lettres, dont 10 voyelles, et il peut se maitriser facilement en quelques jours.
En russe, il existe très peu de sons totalement différents de ceux que l’on connait en français et en anglais. La difficulté – ou, plutôt la confusion peut résider dans les lettres « trompeuses » qui s’écrivent comme des lettres françaises mais se prononcent différemment. Par exemple, deviner, comment on lit la lettre P ? En russe, c’est le R (en français) !
Une fois que l’on apprend bien ces quelques lettres « trompeuses » et quelques voyelles en peu étranges pour l’oreille française, il n’y a plus de difficultés.
Utiliser des moyens mémos techniques. Par exemple, méthode du miroir : la lettre Я – c’est le R qui « se regarde dans le miroir, idem pour le И, faisant « miroir » du N en Français… Le Ь ressemble à un P qui fait une Chir asana sur la tête, etc… Plus d’imagination plus on utilise des moyens mémos techniques– plus on apprend rapidement.
Il existe aussi beaucoup d’applications permettant d’apprendre l’alphabet et les syllabes de façon ludique.
D’expérience, les apprentis français apprennent vite à lire et à écrire. Les règles étant très logiques et claires, une fois que l’alphabet est acquis – cela ne pose pas de problème. En russe on écrit le plus souvent comme l’on l’entend. Les mots que l’on prononce Reno et que l’on écrit Renault – en Russie on aurait changé la Constitution pour supprimer les mots comme ceux-là !
Vous risquez de galérer un peu avec les accents (tombant sur les syllabes différentes des mots, comme en anglais), et par conséquent, avec des voyelles inaccentuées (souvent on ne sait pas, si on l’écrit avec le O ou avec le A, quand on entend le A), etc.
Bonne nouvelle ? Les erreurs d’écriture ne sont pas fatales. Une fois que vous maitrisez les lettres et les syllabes, on comprend forcément ce que vous écrivez.
Mauvaise nouvelle ? Ecrire en attaché – ce qui est indispensable pour apprendre le russe – est une autre chose ?)
L’ordre des mots en russe est différent de celui du français. Par exemple, les adjectifs vont souvent avant les substantifs, donc nous, on dira : « Une irrésistible femme » et pas « une femme irrésistible » ? Comme en anglais d’ailleurs, donc ça va, pas trop dur pour le moment !
En ce qui concerne l’ordre des mots dans les phrases, il peut varier en fonction de notre narrative et du style de parole : par exemple, une phrase « J’étais en train de marcher dans la rue » …
En russe, en fonction de l’humeur du moment, du caractère poétique, ou pas, du discours (et de combien d’apéros ont été consommés) je pourrais dire : « Etais-je en train de marché dans la rue », ou, « Dans la rue en train de marcher j’étais »… L’ordre des mots si flexible pose surtout des problèmes de compréhension au début de l’apprentissage, mais par la suite on s’y fait !
Pour faire des phrases en russe, dans le doute, optez toujours… pour l’ordre des mots comme en français : sujet, verbe. Mais sans oublier, dans l’idéal, de mettre des adjectifs avant les substantifs, et pas après. La phase « Je vais au musée » en russe sera 100% correcte… Tandis que « Vais-je au musée », ou « Au musée vais-je » correspondra qu’aux certains styles de parole.
Le problème de cette langue, c’est d’avoir très peu de lien dans son vocabulaire avec les langues latines. Et c’est là où réside le problème principal si l’on commence à apprendre à l’âge adulte. Tout reste à apprendre.
Vous n’aurez aucune référence en tête pour la plupart des mots russes, tout sera à apprendre, à la différence de l’anglais, de l’Italien ou de l’espagnol.
Comment dépasser ce défi ? Uniquement avec des différents moyens mémos techniques que l’on peut se créer pour retenir des centaines de nouveaux mots sans référentiel ! Et aussi grâce aux applis mobiles comme Babbel, qui vous promettent d’apprendre le russe en 15 minutes par jour (mais sans préciser combien de millier de jours ?)
Vos armes seront des moyens mémos techniques et une bonne mémoire, rien d’autre ! Mes élèves deviennent très créatifs et développent une capacité forte à… développer des moyens mémos techniques très variées qui les aident !
Par exemple, pour retenir le mot Сhitat (lire) un élève l’a associé avec le… singe Chita du film de Tarzan ! Tous les moyens de retenir sont bons, s’ils marchent !
La bonne nouvelle, même si c’est assez compliqué et que apprendre le russe vous demandera UNE TRES BONNE MEMOIRE, ce jeu permanent de moyens mémos techniques vous rendra forcément plus créatif, plus inventif dans votre démarche d’associer des nouveaux mots avec de nouvelles cibles quotidiennes!
Si vous maitrisez une autre langue étrangère, la grammaire russe vous semblera logique. Les substantifs ont leurs déclinaisons (cas datif, cas accusatif, etc.), les verbes – des conjugaisons, comme en français, d’ailleurs.
D’expériences, les cas – ils sont au nombre de 6 – posent en peu de problème. Puisque la terminaison des noms change en fonction de son cas… mais pas que cela ! Si vous avez un adjectif qui accompagne votre nom… Sa forme se déclinera aussi ! Donc vous aurez un double défi – reconnaitre, déjà, les mots qui sont mis dans un cas particulier… Et, aussi, apprendre les déclinaisons par cœur : pour les masculins, féminins, neutres… Pour les noms, les pronoms et les adjectifs. Pour les singuliers et pluriels… Oui, je suis d’accord, ça fait un paquet.
Mais ce n’est pas insurmontable, même si vous faites des erreurs – on peut comprendre. D’ailleurs, c’est comme en latin, ou, par exemple, en allemand. Donc si vous maitrisez déjà des langues étrangères ou ce système de déclinaison – cela ne vous semblera pas trop difficile.
De tout façon, mes compatriotes seront très indulgents à l’égard d’un etranger qui fait un effort titanesque pour apprendre le russe!
Apprendre les cas très lentement, par type de mot et par genre. Si aujourd’hui vous avez appris à mettre, disons, les substantifs masculins au datif – arrêter vous là et ne vous pressez pas pour passer à la suite. Entrainez-vous de façon ludique, mettez au datif tous ce que vous voyez, des mots masculins autour de vous. Passez à la suite, par exemple aux substantifs féminins uniquement quand vous avez bien appris le datif masculin.
Trop souvent les apprentis essaient d’apprendre le maximum de cas rapidement, ce qui finit par être trop difficile. Allez-y doucement.
Pour conclure, si on doit choisir les deux choses les plus difficiles quand on est en train d’apprendre le russe – je dirai que ce sont les défis du vocabulaire et de la grammaire. Mais l’essentiel c’est d’avoir un bon prof, pratiquer régulièrement, utiliser les mnémotechniques et… croire que vous allez y arriver!
Auteur de l’article:
Marina Yulis
Marina Yulis, interprète professionnelle, linguiste diplômée ( diplômes de Master LEA Université Paris 12; Master Information, Communication Université Paris 2 Assas ). Dirigeante de l’agence Marina Yulis Traduction ( Paris ) depuis 2011. Depuis 2010, expert de la communauté professionnelle des traducteurs Proz KudoZ ( réseau international permettant aux traducteurs de s’entraider pour la traduction de termes ).